Les Villes Candidates ont remis ce vendredi 03 février 2017 l’ultime volet technique de leur dossier de candidature respectif.
Du côté de Los Angeles (États-Unis), l’actualisation du projet semble se poursuivre.
Quelques mois après sa sélection comme Ville Candidate par le Comité Olympique des États-Unis (USOC), Los Angeles avait apporté une première modification à ses plans initiaux, en écartant la possibilité de construire un Village pour les athlètes, préférant alors miser sur la mobilisation du campus de l’Université de Californie (UCLA).
D’autres changements sont ensuite intervenus, avec la délocalisation de certains sports à Anaheim et surtout Long Beach, au Sud de Los Angeles. Puis récemment, la candidature américaine a annoncé son choix d’organiser les Cérémonies d’ouverture et de clôture au sein de deux enceintes, à savoir le mythique Memorial Coliseum et le futur Stade d’Inglewood en proche périphérie de Los Angeles.
Mais la candidature a aussi révélé ses choix quant à l’implantation de trois sports et ce, alors même que les Villes Candidates devaient formuler l’ensemble des positionnements dans le cadre du second volet du dossier de candidature, livré le 07 octobre 2016.
De fait, Los Angeles 2024 propose à présent la tenue du VTT, du Pentathlon moderne et du tir-à-l’arc sur des sites comme le Frank G. Bonelli Park, le StubHub Stadium et Hollywood Park.
Après ces multiples ajustements techniques et logistiques, Los Angeles 2024 a désormais fait l’annonce d’un autre changement pour les épreuves de canoë-kayak cette fois-ci.
Dans le cadre du troisième volet technique du dossier de candidature, LA 2024 indique ainsi l’aménagement d’un Village supplémentaire sur le campus de l’Université de Californie-Riverside, à une vingtaine de minutes du Lac Perris.
Plus anecdotique mais non moins important dans la planification du concept olympique et paralympique, les dates d’organisation proposées ont également été modifiées.
Si les Jeux Olympiques sont toujours prévus entre le 19 juillet le 04 août 2024, les Jeux Paralympiques seront quant à eux avancés dans le temps.
Initialement, LA 2024 proposait la tenue de ces derniers entre le 21 août et le 1er septembre 2024. Finalement, la candidature propose d’organiser l’événement entre le 16 et le 29 août 2024.
Avec la fourniture du troisième volet technique de son projet, Los Angeles 2024 a souhaité préciser certains fondamentaux.
Ainsi, la « Cité des Anges » ambitionne une large participation du public, à la fois des habitants de Los Angeles, mais aussi des spectateurs. Sur ce point précis, LA 2024 prévoit la venue de 2 millions de visiteurs américains et 1,2 million de visiteurs étrangers.
Pour associer du mieux possible ce public, la candidature entend contrôler de A à Z sa communication et n’hésite d’ailleurs pas à égratigner de manière subtile les précédentes organisations des Jeux et les échéances à venir, avec la mention claire d’un paragraphe intitulé ; « L’élimination des problèmes de communication ».
Dans cet extrait, LA 2024 estime que « compte tenu des difficultés rencontrées par la couverture médiatique des récentes éditions des Jeux et de l’incertitude caractérisant la couverture des trois éditions programmées au cours des sept prochaines années, LA 2024 pense que les messages positifs qui émaneront de la préparation des Jeux à Los Angeles seront précisément ce qu’il faudra pour planifier les Jeux de l’avenir ».
Dans un autre extrait issu d’un autre paragraphe, Los Angeles 2024 précise les temps forts de sa communication.
« Après les Jeux de Tokyo 2020, le 24 de chaque mois, le Comité d’Organisation (LAOCOG) définira un échéancier d’annonces destinées à présenter des festivités et intensifier l’ardeur du public en vue de l’été de 2024 » énonce notamment ce paragraphe.
Outre le grand public, LA 2024 veut aussi associer les athlètes à l’élaboration de son projet et évidemment des préparatifs liés à l’organisation des Jeux.
De fait, comme ce fut le cas à plusieurs reprises au cours des deux dernières années, la candidature américaine mentionne la rencontre de 500 Olympiens et Paralympiens – à l’initiative en particulier de Janet Evans, vice-Présidente de LA 2024 en charge de la relation avec les sportifs – l’envoi d’un questionnaire à quelques 4 000 Olympiens et Paralympiques américains afin de cerner les besoins spécifiques des athlètes et l’instauration d’une Commission des Athlètes.
En novembre 2016, Janet Evans avait d’ailleurs évoqué son attachement à cette question singulière.
« Mon rôle est de veiller à ce que toutes nos décisions jusqu’au vote final du CIO, en septembre 2017, bénéficient de l’apport des Olympiens et des Paralympiens » avait-elle affirmé dans une interview exclusive accordée à « Sport & Société ».
Sans surprise, la qualité de l’hébergement, de l’environnement, des transports sont au cœur des préoccupations des sportifs, ce à quoi Los Angeles 2024 répond par la mobilisation du campus de UCLA et la modernisation d’une partie de la flotte des transports en commun, avec par exemple l’extension du réseau ferré de 30 kilomètres avec par ailleurs 18 nouvelles stations.
La thématique des transports est un point crucial pour toute Ville Candidate, mais Los Angeles entend inciter à un maximum de déplacements collectifs, là où nombre d’Américains se déplacent en voiture individuelle.
Un challenge important mais qui se confronte aussi à la réalité, avec la récente congestion du métro à l’occasion de la « Women’s March », courant janvier 2017.
Éléments-clés de l’Agenda 2020 du Mouvement Olympique, les critères liés à la durabilité et à l’héritage occupent une place importante du troisième volet du dossier de candidature.
Concernant LA 2024, le projet fait la mention qu’il s’agit d’un concept « utilisant uniquement des sites existants ou provisoires, [et qui] a pris l’engagement de livrer des Jeux à faibles déchets, à faibles émissions de carbone, à utilisation judicieuse de l’eau et à forte inclusion, tant sociale qu’économique ».
Pour justifier son positionnement ambitieux, la candidature précise les diverses réglementations mises en place par les autorités locales et de Californie :
« Les réglementations et politiques intraitables en matière d’environnement adoptées par Los Angeles et la Californie placent la ville et l’État à la pointe de la lute contre le changement climatique.
En 2015, la Californie a adopté le projet de loi 32 du Sénat qui exige, pour 2030, une réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990 et le projet Sustainable City Plan de Los Angeles vise à atteindre, pour 2030 également, une réduction de 45% par rapport à 1990.
En outre, le projet de loi 350 du Sénat exige des sociétés d’électricité que 50% de leur énergie proviennent de sources renouvelables d’ici à 2030.
Los Angeles vise également à réduire ses importations d’eau de 50% d’ici à 2025 et la ville est la première des États-Unis à s’engager à recycler 90% de ses déchets d’ici à 2025″.
Les engagements de LA 2024 ne sont pas négligeables, d’autant plus lorsque l’on sait les difficultés rencontrées par l’État de Californie chaque année, à la fois en termes de sécheresse et d’approvisionnement en eau.
La mise en place de réservoirs est ainsi régulièrement valorisée pour démontrer le plein investissement des autorités.
Sur le plan de l’hébergement, Los Angeles 2024 détaille ses plans pour les spectateurs, les médias et la Famille Olympique.
Pour le premier public, la candidature annonce sans surprise la mobilisation d’un quota de chambres d’hôtels supérieur à l’exigence du Comité International Olympique (CIO). Ce dernier demande en effet aux Villes Candidates de garantir 41 000 chambres. Los Angeles en prévoit 50 000 dans un rayon de 20 kilomètres autour du centre-ville ; si l’on évoque la capacité à 50 kilomètres, le nombre de chambres disponibles est ici de 125 000. A ce dispositif, LA 2024 promet 9 500 chambres supplémentaires au cours des prochaines années, sans oublier aussi les autres capacités d’accueil comme le dispositif existant de AirBNB.
Pour le second public, quelques 13 800 chambres ont été réservées pour les journalistes et médias qui viendront à Los Angeles, en plus des 3 200 lits qui seront disponibles au sein du Village des Médias sur le campus de l’Université de Californie du Sud (USC).
Pour le troisième public enfin, Los Angeles a d’ores et déjà prévu l’hôtel JW Marriott et le Ritz Carlton pour héberger les membres de la Famille Olympique, notamment les membres du CIO.
En ce qui concerne le financement des Jeux, LA 2024 a d’ores et déjà annoncé la constitution – inédite – d’un seul et unique budget et ce, alors que le CIO demande traditionnellement l’élaboration de deux budgets distincts, à savoir le budget d’organisation (COJO) et le budget non-COJO.
Dans le cas de la candidature américaine, les dépenses sont aujourd’hui chiffrées à 5,325 milliards de dollars (4,96 milliards d’euros), dont 175,6 millions (163,6 millions d’euros) pour les transports, 37,9 millions (35,3 millions d’euros) pour les opérations liées aux Villages, mais encore 195,2 millions pour les Cérémonies (181,88 millions d’euros).
La majeure partie des investissements nécessaires est bien sûr confiée aux sites avec plus de 1,190 milliard de dollars consacrés (1,108 milliard d’euros).
Mais si le budget global fait mention de plusieurs secteurs, la sécurité n’est en revanche pas budgétée et ce, compte tenu de la prise en charge de cet élément au niveau fédéral. La candidature fait ainsi le commentaire de « manifestations nationales à sécurité particulière » en lieu et place d’une estimation chiffrée.
Pour compenser les dépenses exigées par la tenue des Jeux, Los Angeles compte bien sûr sur la participation du CIO au travers de la contribution et des droits TV, mais la candidature envisage aussi un plan marketing d’importance.
En cumulant les trois niveaux de partenariats, LA 2024 prévoit ainsi des recettes de l’ordre de 1,760 milliard de dollars (1,639 milliard d’euros).
Une estimation correcte si l’on regarde le programme mis en œuvre à Londres 2012 (plus de 1 milliard de dollars) et actuellement en cours pour Tokyo 2020, avec plus de 3 milliards de dollars d’ores et déjà engrangés.
La billetterie des Jeux occuperait également une place importante pour la collecte de recettes (1,3 milliard de dollars soit 1,21 milliard d’euros).
Mais sur ce point, Los Angeles pourrait bien être une édition olympique aux coûts élevés, avec malgré tout l’ambition de parvenir à un taux de remplissage de 97%.
Ainsi, les tarifs proposés par la candidature américaine établissent une moyenne de 140,7 dollars par billet (131,1 euros) – 13,12 dollars (12,22 euros) pour le golf en phase préliminaire -, avec un pic moyen à 1 783 dollars (1 661 euros) pour la Cérémonie d’ouverture des Jeux.
Comme le mentionne aujourd’hui le « Los Angeles Times », « cela placerait les Jeux dans la lignée des récents Super Bowl ou des finales de la NBA ».
Dans l’ensemble du troisième et donc dernier volet du dossier technique, aucune référence n’est faite à Donald Trump et à la politique américaine dans sa globalité.
Il n’en demeure pas moins que les récentes décisions du Président des États-Unis pourraient impacter la perception de la candidature aux JO 2024 à travers le monde, et plus particulièrement auprès des membres du CIO.
La visite prochaine de la Commission d’évaluation – qui compte en ses rangs des membres issus de pays musulmans certes non-mentionnés dans la liste du Décret Trump – sera particulièrement scrutée.
Si le langage diplomatico-olympique de la Commission olympique sera comme toujours de mise, l’attitude des autorités locales et surtout fédérales pourrait donner une tendance pour les mois à venir.