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Channel: stades de Californie – Sport & Société – Kévin Bernardi
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JO 2024 : Los Angeles ouvre ses portes à la Commission d’évaluation

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Conformément au tirage au sort réalisé par le Comité International Olympique (CIO), Los Angeles (États-Unis) est la première des Villes Candidates à accueillir la Commission d’évaluation.

Cette dernière a été accueilli par le Comité de Candidature, ce mardi 09 mai à son arrivée à l’aéroport international LAX de Los Angeles, spécialement mobilisé aux couleurs de la candidature, comme d’ailleurs d’autres lieux emblématiques, à l’instar de l’Hôtel de Ville ou du château d’eau de la Warner Bros Company.

Jusqu’au 12 mai, et avant de rejoindre Paris jusqu’au 16 mai, les membres de ladite Commission – conduite par Patrick Baumann – arpenteront les différents sites proposés par la candidature américaine.

Hôtel de Ville de Los Angeles, le 09 mai 2017 (Crédits – LA City)

Lancée en 2013 – et évoquée à ce moment-là par « Sport & Société » -, l’idée d’une candidature de la « Cité des Anges » s’est progressivement concrétisée avant de devenir une évidence à l’été 2015, au moment où Boston annonçait son renoncement.

Hôte à deux reprises de la grand messe de l’Olympisme (1932 et 1984), Los Angeles faisait alors valoir sa riche expérience et le nombre conséquent d’installations capables d’organiser les diverses compétitions.

Mais l’élaboration du projet californien a néanmoins connu quelques remous et des changements logistiques et stratégiques non-négligeables.

Ainsi, dans le cadre de la première mouture du projet, LA 2024 proposait, par l’intermédiaire du Comité Olympique de Californie du Sud (SCCOG), la constitution d’un dispositif comprenant quatre noyaux de sites sportifs et deux sites potentiels pour l’aménagement du Village Olympique.

Logo initial de la candidature de Los Angeles 2024 (Crédits – SCCOG)

Les secteurs de Los Angeles River et du cœur de ville avait alors été annoncés pour abriter les nouveaux logements destinés à assurer l’hébergement des 10 500 athlètes et de leurs accompagnateurs au moment des Jeux.

Cependant, la complexité du chantier envisagé sur le site de Piggyback Yard – avec notamment l’acquisition des terrains, la dépollution de ces derniers et l’édification du site pour plus de deux milliards de dollars – ont peu à peu conduit les porteurs de la candidature à revoir leur ambition première.

Visuel du Village Olympique initialement proposé par la candidature de Los Angeles (Crédits – LA 2024)

Initialement, le Village devait se situer à 30 minutes de 94% des sites et même à 15 minutes de 50% des sites. Cet équipement structurant du projet américain devait être construit pour 1 milliard de dollars (919,95 millions d’euros), dont 925 millions de dollars (850,95 millions d’euros) à la charge de l’enveloppe hors-Comité d’Organisation (COJO).

In fine, en lieu et place d’un Village des Athlètes édifié sur une friche industrielle – sur le modèle d’ailleurs de Barcelone 1992 ou Londres 2012 – Los Angeles 2024 a préféré mobiliser le campus estudiantin de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA).

Dans la lignée de la stratégie d’hébergement conçue par les précédentes Villes Hôtes américaines des Jeux Olympiques et Paralympiques, Los Angeles 2024 est donc revenu à des fondamentaux qui posent toutefois quelques interrogations malgré la présence d’équipements sportifs intéressants pour la remise en forme et les entraînements.

Visuel du campus de l’Université de Californie à Los Angeles remanié en Village des Athlètes le temps des Jeux (Crédits – LA 2024)

En effet, en dépit du choix d’un terrain déjà existant et surtout déjà équipé, Los Angeles 2024 pourrait se retrouver devant la nécessité de réaliser des travaux de terrassements et d’accessibilité importants au sein du campus actuel.

L’aménagement des chambres universitaires existantes devrait être revu pour répondre aux standards olympiques, tandis que le dénivelé de certains secteurs du domaine pourrait poser des difficultés, en particulier au moment des Jeux Paralympiques, sans compter la dimension du site relativement éclaté, et l’engagement d’y établir plusieurs restaurants olympiques, là où le CIO mise davantage sur un seul et même lieu de rassemblement et de convivialité pour les athlètes.

En janvier 2016, LA 2024 proposait par exemple dans une mouture actualisé de son dispositif, pas moins de huit espaces de restauration dispersés sur l’ensemble du campus.

Outre l’aménagement du site aux normes adéquates, LA 2024 devrait également payer un loyer auprès de UCLA pour l’utilisation temporaire des lieux à l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques.

La problématique de l’hébergement des sportifs n’a pas été la seule à poser question au sein de la candidature américaine. A plusieurs reprises entre 2015 et aujourd’hui, la candidature de Los Angeles a en effet modelé et remodelé son concept olympique et paralympique.

Carte du projet initial de Los Angeles 2024 en août 2015 (Crédits – SCCOG)

Doté de quatre pôles sportifs pour un budget global de 4 milliards de dollars (3,68 milliards d’euros), le dispositif a ensuite été revu à cinq noyaux dédiés aux compétitions pour un coût d’aménagement et d’organisation de 4,116 milliards de dollars (3,78 milliards d’euros).

Par la suite, exit les notions budgétaires absentes de la communication de la candidature jusqu’en février 2017. Jusqu’à ce moment-là, d’autres changements sont néanmoins survenus : déplacement d’une partie des épreuves en direction de la Californie du Sud avec les villes d’Anaheim et de Long Beach – déclenchant alors l’inquiétude d’élus locaux -, intégration du futur stade d’Inglewood au dispositif après plusieurs semaines d’incertitudes, et enfin incorporation de trois nouveaux sites en janvier dernier.

Désormais, la candidature américaine se fonde sur des sites connexes et sur quatre pôles sportifs, sans oublier la partie consacrée à l’hébergement entre le campus de UCLA pour les athlètes et celui de l’Université de Californie du Sud (USC) pour les médias.

Le coût global a également évolué, puisqu’en lieu et place d’un budget distinct COJO / hors-COJO comme il est de coutume dans l’univers olympique, LA 2024 a préféré présenter une enveloppe générale de 5,3 milliards de dollars (4,87 milliards d’euros).

Carte du dispositif olympique de Los Angeles (Crédits – LA 2024)

Récemment, la candidature a apporté des précisions quant à la modernisation du Los Angeles Memorial Coliseum.

Annoncé à l’automne 2015, le plan de 270 millions de dollars (248,37 millions d’euros) porté par l’Université de Californie du Sud a été approuvé ces dernières semaines par la Coliseum Commission qui rassemble des représentants de la Ville, du Comté et de l’État de Californie.

Le projet doit désormais être approuvé par les élus locaux avant d’entrer dans sa phase concrète à l’automne 2017 pour une livraison prévue de l’équipement reconfiguré d’ici août 2019.

Visuel du Memorial Coliseum repensé pour les Jeux Olympiques (Crédits – LA 2024)

Pour les porteurs de la candidature, les changements successifs se justifient comme étant des réponses aux discussions enregistrées avec le CIO, notamment dans le cadre nouveau des ateliers techniques instaurés à l’aune de l’Agenda 2020 du Mouvement Olympique.

Pour d’autres, ces changements peuvent apparaître comme une marque de fébrilité et d’impréparation, la candidature de LA 2024 étant en fin de compte le second choix du Comité Olympique des États-Unis (USOC) contraint de trouver un suppléant pour remplacer la ville de Boston choisie à l’unanimité au cours de l’hiver 2014-2015.

La réalité se situe certainement entre ces deux argumentations.

Los Angeles est soucieuse de s’inscrire comme une ville nouvelle pour une nouvelle ère olympique malgré son passé historique dans le domaine des Jeux.

Cette volonté basée sur l’innovation s’entend notamment au regard du plan prévu pour les Cérémonies d’ouverture et de clôture, à cheval – de manière inédite – sur deux Stades Olympiques, à savoir le LA Memorial Coliseum et le futur City of Champions Stadium d’Inglewood.

Cette volonté s’illustre aussi par les partenariats stratégiques que LA 2024 entend conclure. Sur ce point, la présence du Président Directeur Général de la Walt Disney Company au sein du Conseil d’administration de la candidature n’est pas anodine.

Visuel du Stade Olympique d’Inglewood (au premier plan) et du LA Memorial Coliseum (Crédits – LA 2024)

Pour financer son projet, bien que des installations sportives pérennes ne sont pas nécessaires au regard du plan envisagé (97% de sites existants), LA 2024 devra en effet faire appel à des contributeurs privés, comme ce fut le cas pour les Jeux de Los Angeles 1984 et surtout pour ceux d’Atlanta 1996 surnommés de manière péjorative, les « Jeux Coca-Cola » du nom de la célèbre marque de soda.

La candidature américaine évoque donc ouvertement le poids économique considérable de la Californie et de l’industrie et de la culture du sport aux États-Unis pour sécuriser son dispositif.

Outre cet élément – qui pour l’heure manque de détails quant aux potentiels contributeurs – la candidature de Los Angeles a aussi mis en place un système de garanties financières pour palier à toute dérive éventuelle des coûts.

Ainsi, la Ville de Los Angeles a promis 250 millions de dollars de garanties (230 millions d’euros), tout comme le Gouverneur de l’État de Californie. Des assurances privées ont par ailleurs été mobilisées à hauteur de plusieurs centaines de millions de dollars, et les autorités fédérales seront au rendez-vous pour fournir les garanties nécessaires sur le plan de la sécurité et du renseignement.

L’objectif rêvé pour les porteurs de la candidature américaine est bien sûr d’atteindre la même réussite immédiate que les précédentes éditions des Jeux organisés au Pays de l’Oncle Sam.

(Crédits – Boston 2024)

Au-delà de cet objectif à court terme, l’organisation des Jeux à Los Angeles pourrait – selon l’étude menée par le Beacon Economics LLC et le Centre de Recherche et de Développement Économique Riverside de l’Université de Californie au début de l’année – générer entre 9,38 et 9,63 milliards (8,63 à 8,86 milliards d’euros) sur le plan de l’impact économique net à l’échelle de Los Angeles. Au niveau des États-Unis, cet impact serait de l’ordre de 17,4 à 18,3 milliards de dollars (16,01 à 16,84 milliards d’euros).

Ces chiffres – comme ceux publiés dans le cadre de la candidature de Paris 2024 – sont cependant à relativiser, compte-tenu de l’échéancier du projet olympique et des incertitudes économiques à l’échelle nationale et internationale pour les sept prochaines années.

Concernant en revanche l’héritage matériel et immatériel des Jeux pour Los Angeles, la candidature semble davantage se positionner sur une phase de célébration au sein des quatre pôles sportifs identifiés dans la ville et dans sa périphérie.

Des programmes destinés aux scolaires ou au sport-santé ne semblent ainsi pas à l’ordre du jour du projet californien. A l’inverse, ce dernier évoque plus ouvertement la possibilité offerte par les Jeux pour redynamiser le secteur des transports et accroître la place des transports en commun dans la région.

Deux plans d’envergure ont ainsi été adoptés par les autorités pour un montant global supérieur à 200 milliards de dollars (184 milliards d’euros). Les garanties quant au financement de ces programmes doivent encore être apportées, le secteur privé étant là-aussi partie prenante au dossier, mais de premiers éléments sont en cours d’installation.

Il faut dire que sur l’ensemble des investissements envisagés, seule une partie sera directement profitable à la ville au moment des Jeux.

Le domaine des transports est en tous cas l’un des talons d’Achille de la candidature américaine, les différents pôles sportifs étant parfois relativement distants les uns des autres.

L’autre sujet de controverses qui devrait mobiliser les opposants à la candidature de Los Angeles concerne aussi le taux de criminalité parmi les plus élevés des États-Unis.

La question du logement est aussi au cœur des interrogations et des critiques à l’égard de l’administration du Maire Eric Garcetti et ce, au regard du nombre important de sans-abri. La Ville de Los Angeles a néanmoins annoncé de nouvelles mesures pour enrayer ce phénomène.

(Crédits – LA 2024)

Si Los Angeles a la capacité évidente d’organiser les Jeux, au regard de son expérience passé, de la richesse de ses équipements et du niveau d’engagement des autorités, des questions demeurent quant à la sécurisation du dispositif.

La venue de la Commission d’évaluation va dès lors être l’occasion de clarifier certains points.

Outre les réunions entre les deux parties, la Commission pourra aussi juger sur place de la pertinence des choix opérés par le Comité de Candidature quant à l’implantation des sites et des sports.

Récemment interviewée par « Sport & Société », Janet Evans, vice-Présidente de LA 2024 en charge de la relation avec les sportifs avait résumé l’état d’esprit de la candidature de la manière suivante.

« La Commission d’évaluation peut s’attendre à visiter des sites réels qui existent bel et bien. C’est quelque chose qui distingue Los Angeles, car les Jeux décrits dans le dossier de candidature remis en 2017 sont les Jeux que nous livrerons en 2024 » avait notamment affirmé l’ancienne Championne Olympique de natation.



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